Tric Trac est mort… Triste mais prévisible ?

Tric Trac est mort… Triste mais prévisible ?

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Cette fois c’est la bonne ! Le site Tric Trac va définitivement fermer ses portes après déjà deux retours inattendus sur le devant de la scène. Mais cette fois-ci, pas de retournement de situation, pas de rachat ni de communication de dernière minute pour sauver la référence des sites ludiques. 

Si le titre de ce contenu peut paraître provocateur, surtout pour les amoureux du site, sachez que nous sommes nous aussi affectés par cette nouvelle. Tric Trac a fait vibrer le monde ludique durant des années et nous ne sommes pas là pour enfoncer le clou mais pour tenter de donner une explication à cette fin. Au-delà de l’aspect communautaire, ce n’est en rien un choc pour le secteur. Mais alors pourquoi cette nouvelle n’en ai pas une, et en quoi nous pouvions nous y attendre ?

Retour sur l’histoire de Tric Trac pour mieux comprendre

Pour bien comprendre le sujet, nous vous proposons de faire un petit retour sur la chronologie de Tric Trac. C’est important aussi pour analyser comment la situation en est arrivé là. Retour en quelques dates : 

Avant 2010Le site appartient à Monsieur Phal en micro entreprise
2010 à 2016Plume Finance s’associe à hauteur de 49%Fin 2016, le site génère plus de 4 millions de visiteurs unique pour 390000€ de CA
2017Monsieur Phal récupère 100% de l’entreprise pour préparer la venteFin 2017, le site génère plus de 5,5 millions de visiteurs unique pour 430000€ de CA
2018 à 2019Plan B rachète l’entrepriseFin 2019, le site génère plus de 6 millions de visiteurs unique pour 235000€ de CA
2020 à 2021Asmodee rachète l’entrepriseFin 2021, le CA du site est de 375000€ pour une perte d’exploitation de -422000€

Ce tableau est issu de statistiques compilées en partie par Monsieur Phal (créateur de Tric Trac) et que nous sommes allé vérifier pour ce qu’il est possible.

Fin Tric Trac
Dernière news sur le site de Tric Trac avant sa fermeture

Le modèle du média en perte de vitesse en France

La création d’un média digne de ce nom (ce que Tric Trac à toujours été) est un combat perpétuel tant le modèle est difficile à maîtriser et soumis aux aléas. En cause, un modèle économique fluctuable, une concurrence complexe et des investissements lourds. Le tout, dans un marché pas si gros que ça !

Un modèle de soft power avant tout

Le modèle des médias est avant tout un modèle de soft power en France… Qu’est-ce que l’on entend par là ? La plupart des grands médias font partie de groupes médiatiques. La rentabilité du modèle fonctionne donc sur deux grands principes, le volume pour vendre du sponsoring et de la publicité (on pourra citer jeuxvidéo.com par exemple) ou le soft power qui n’a pas une visée de rentabilité pur mais plutôt une capacité à placer une idéologie et à mettre en avant une marque, une vision, une façon de penser. C’est ici clairement le modèle média de toute la presse politique.

En soit, dans le cas de Tric Trac nous sommes bien plus dans une volonté d’exhaustivité et de présentation du l’univers jeux de société pour favoriser la vente de publicité ciblée. Un modèle très complexe à respecter et voilà pourquoi.

Des investissements coûteux

Gérer un média est bien plus coûteux qu’on ne le pense. Cela demande d’avoir un investissement continu notamment sur les plumes qui composent votre équipe. Dans les coûts importants à prendre en compte, on trouvera entre autre : 

  • Les salaires (la masse salarial étant souvent le critère de dépense numéro 1) : Journalistes et marketing en tête
  • Les locaux : faire des émissions demande de la place surtout si vous multipliez les formats. Lorsque vous êtes à Paris, il s’agit d’une dépense qui est tout sauf anodine
  • Le matériel qui peut rapidement prendre de l’ampleur
  • Le site (et oui, il ne s’entretien pas tout seul) et les serveurs

Bref, on parle ici en dizaine de milliers d’euros chaque mois. Autant vous dire qu’il faut vendre de l’espace publicitaire en continu et que cela ne laisse pas la place à la moindre baisse de régime. C’est aussi l’une des raisons de la recherche continue de nouveau modèle financier à travers les années pour Tric Trac.

La concurrence du SEO

Bien que le site de Tric Trac ai continuellement gagné en trafic et donc permis de vendre des espaces publicitaires, avec le temps, les micro-média et autres sites dédiés aux jeux de société ont nécessairement eu un impact sur leur trafic. La concurrence se multipliant, le potentiel du site n’a pas pu atteindre les strates qu’il aurait dû.

Le Covid, encore lui !

Deuxième facteur qui est surement le début de la fin, le covid et surtout, le confinement. Car, comme tous les sites média, les revenus de Tric Trac ont pris un coup de massue suite aux longs mois de confinement. Plus de vidéos, plus d’émissions et donc, plus de placement publicitaire. Une catastrophe qu’il faut financer durant des années pour pouvoir ne serait-ce que revenir à l’équilibre. 

On en vient donc au dernier problème qui finit de faire couler le bateau, le rachat d’Asmodee.

Asmodee, un non choix perdant d’avance !

Que l’on soit clair, il n’est pas ici question de polémiquer sur la présence d’Asmodee, bien ou pas bien et de remettre la faute sur leur groupe. Mais plutôt de préciser en quoi, le rachat a amené à cet état de fait. Il faut donc prendre en compte deux éléments simple mais inéluctable : 

  1. Sans le rachat d’Asmodee, le site aurait fermé ses portes bien plus tôt et notamment du fait du Covid. C’est l’investissement du groupe qui a permis de sauver les meubles.
  1. Le rachat d’Asmodee a freiné l’investissement publicitaire, car les éditeurs, distributeurs et sites e-commerce (principaux communicants) ne souhaitent pas investir chez un concurrent direct. Surtout depuis le rachat de Philibert en plus.

Dualité complexe qui amène à cette fin malheureuse pour l’un des plus gros sites spécialisés dans le monde ludique.

Le roi est mort, vive le roi !

La fermeture du site de Tric Trac est bien entendu la somme de centaines de décisions et d’éléments compilés dont la plupart nous échappent totalement. C’est la vie d’une entreprise. Vous pourrez à ce sujet aller un peu plus loin en regardant la vidéo de Monsieur Phal.

Si la nouvelle est terrible, surtout pour les salariés de Tric Trac, il faut comprendre que pour le secteur d’activité, cela n’aura pas ou peu d’impact. Comme souvent, d’autres acteurs vont immerger et le trafic du site va naturellement se substituer sur d’autres sites. Chacun trouvera de nouvelles habitudes et la vie ludique va continuer.

Merci à toute l’équipe, et bonne continuation. Pensons à l’avenir, et saluons les nouveaux acteurs du secteur qui auront leurs propres visions, leurs ligne éditoriale et qui amèneront de la différence.

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