Avec Etherstone, on sent que Thundergryph voulait sortir des sentiers battus. Deux auteurs plutôt connus pour leurs euros bien huilés, Simone Luciani et Virginio Gigli, prennent ici un virage complet. Pas de cubes à poser ni de ressources à empiler, on part sur du jeu de cartes, du draft et des combats contre des menaces dans un univers étrange et mystique. Le studio pousse l’idée jusqu’à mettre une partie du développement entre les mains des joueurs. Pas une simple mécanique marketing mais un véritable Conseil de joueurs peut voter, décider et orienter la suite du jeu.
Alors forcément, ça intrigue. Est-ce que le jeu tient la route ? Est-ce qu’on sent l’ADN des auteurs ? Est-ce que l’originalité du format ne prend pas le pas sur l’intérêt ludique ? On a testé ça pour vous.
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La fiche du jeu
| Thème | Fantastique |
| Mécaniques | Cartes, draft, combos |
| Niveau | Initié |
| Nombre de joueurs | 2 à 4 joueurs |
| Éditeur | ThunderGryph Games |
| Auteur(s) | Virginio Gigli, Simone Luciani |
| Illustrateur(s) | Paolo Voto |
Nobura est une planète oubliée, ravagée par une force venue du Néant. Vous incarnez un leader cherchant à canaliser l’énergie des Etherstones, des fragments d’essence cosmique, pour repousser les menaces qui rongent ce monde. Le but, accumuler un maximum de points avant que tout ne s’effondre.
Comment jouer à Etherstone ?
Etherstone ne suit pas les règles classiques des jeux de cartes. Pas de deck qu’on construit au fil de la partie, pas de rivière de cartes qu’on alimente en permanence. Ici, tout commence avec un draft initial où chaque joueur va composer sa main de départ. Ensuite, vous jouez à tour de rôle, en choisissant soigneusement vos actions pour activer vos cartes, invoquer des entités ou combattre les menaces placées au centre de la table.
La dynamique repose sur une ressource centrale, les Etherstones. Ces fragments d’énergie liés aux dés du jeu vous servent à jouer vos cartes et déclencher des effets. À vous de trouver la bonne combinaison entre votre main, les dés disponibles, et les menaces à affronter.
La phase de draft
Avant d’entrer dans le vif du sujet, chaque joueur doit constituer sa main de jeu. On commence par un draft de sept cartes Entité, qui formeront votre base stratégique. Ces cartes peuvent être des Adeptes, qui participent aux combats, des Rituels aux effets ponctuels, ou des Technologies, des cartes permanentes à poser pour générer des bonus et synergies.
À cela s’ajoute une carte Leader. Elle possède une valeur de force, un certain nombre de points de vie et surtout une capacité unique, active pendant toute la partie. Ce Leader, c’est votre avatar sur la table. C’est lui qui va vous représenter, et potentiellement encaisser des coups s’il participe aux affrontements.Pour les premières parties, Etherstone propose des mains pré-construites associées à un Leader donné. C’est pratique pour découvrir le jeu sans passer trop de temps à choisir.
Le cœur du jeu, j’espère que vous aimez les combos !
Une fois les cartes choisies et le jeu installé, vous entrez dans la phase principale. Elle se déroule en tours successifs, dans le sens horaire, et chaque joueur effectue une seule action parmi cinq possibles. Ces actions sont simples à expliquer, mais leur timing et leur enchaînement feront toute la différence.
- Sélectionner un dé : Cinq dés colorés sont disponibles au centre de la table. En choisir un vous donne immédiatement deux jetons Etherstone de la couleur correspondante. Mais ce choix n’est pas purement utilitaire. La couleur ou la valeur du dé peuvent déclencher des capacités sur vos cartes déjà en jeu. Certaines Entités réagissent à une couleur précise, d’autres à une valeur, ou à une fourchette de valeurs. Il faut donc penser plus large que le simple gain de ressources. Un dé violet est aussi disponible. Il vous permet de choisir la couleur des jetons que vous recevez, ce qui peut débloquer pas mal de choses, mais en contrepartie, vous perdez un point de vie.
- Invoquer une carte : Si vous avez assez de jetons Etherstone, vous pouvez jouer une carte depuis votre main. Le coût est visible sur la carte. Une fois en jeu, certaines cartes s’activent immédiatement, d’autres plus tard, et quelques-unes de manière permanente. L’invocation peut créer une dynamique, renforcer un combo ou venir préparer une attaque future. Les cartes jouées ne reviennent jamais en main, donc chaque choix a du poids.
- Attaquer une menace : Au centre de la table, des cartes Menace attendent que vous leur fassiez face. Attaquer consiste à choisir une de ces cartes, à additionner votre force (via votre Leader et vos Adeptes), et à tenter de la battre. Si votre total est suffisant, la carte est éliminée et ajoutée à votre butin, ce qui vous rapprochera de la victoire. Utiliser votre Leader dans une attaque vous fait gagner en puissance, mais l’expose aussi aux dégâts. Une carte blessée ne vous laisse pas sans solution, mais elle peut changer la donne pour les tours suivants. Vos Adeptes, eux, seront épuisés après le combat. Ils resteront couchés jusqu’à ce que vous les reposiez.
- Se reposer : Quand vos cartes sont épuisées ou que vous n’avez rien de pertinent à faire, vous pouvez passer votre tour pour redresser toutes vos Entités. Ce repos permet de préparer un tour plus musclé ensuite, surtout après une grosse attaque.
- Signer un pacte du Néant : Si votre Leader tombe à zéro point de vie, vous entrez dans un état corrompu. Vous ne pouvez plus effectuer aucune action tant que vous ne signez pas un Pacte du Néant. Cela consiste à passer votre tour pour restaurer votre Leader et continuer à jouer. Le revers, c’est que vous prenez un jeton spécial qui vous fera perdre 7 points en fin de partie. Ce pacte est parfois la seule issue, mais il vaut mieux l’éviter si possible.
La fin de partie, une course aux points de victoire
La partie prend fin dès qu’une des trois conditions suivantes est remplie :
- Il n’y a plus de jetons Point dans la réserve.
- La pile de Menaces est vide.
- Un joueur n’a plus aucune carte Entité en main.
Quand cela arrive, chaque joueur joue un dernier tour, puis on passe au décompte final. On additionne les points issus des Menaces, des Entités, des jetons gagnés… et on retire les malus liés à la corruption ou aux pactes. Celui qui a le total le plus élevé l’emporte.
Les extensions de Etherstone
Etherstone est livré avec une première mini-extension intégrée dans la boîte de base : Nobura’s Artifax. Le principe est simple. En plus des cartes et jetons classiques, vous ajoutez une réserve de jetons Artifax visibles, généralement quatre en début de partie. Chaque jeton représente un effet spécial, à usage unique. Ces effets peuvent être un gain de vie, un boost temporaire de force, une réactivation de cartes ou même le déclenchement d’une capacité de vos Entités selon certaines conditions (comme la valeur du dé ou sa couleur).
À votre tour, en plus de votre action normale, vous pouvez prendre un Artifax visible et appliquer son effet immédiatement. Ce n’est pas une action à part entière, donc ça donne un peu plus de liberté dans votre stratégie. En revanche, vous ne pouvez en avoir qu’un seul à la fois. Si vous en prenez un nouveau, l’ancien est défaussé. Petite particularité : si vous sélectionnez le dé du Néant (le violet), vous devez obligatoirement perdre votre jeton Artifax si vous en avez un. Une façon de rééquilibrer sa souplesse avec un petit coup de pression.
Notre avis sur Etherstone
Etherstone ne ressemble pas à ce que les deux auteurs nous ont habitués à proposer. Pas de mécaniques de pose d’ouvriers ici, ni de gros moteur économique à faire tourner. On est face à un jeu plus épuré dans sa structure, mais pas moins exigeant dans ses choix.
L’approche du draft unique en début de partie impose une vraie réflexion. Vous ne récupérez jamais vos cartes. Pas de pioche, pas de recyclage. L’équilibre entre l’attaque, la pose de cartes et le repos crée un rythme de jeu tendu. Les dés ne sont pas là pour faire joli. Leur couleur et leur valeur déclenchent des effets et influencent fortement la suite du tour. Ils introduisent une part de hasard contrôlé, qui oblige à s’adapter sans que tout parte en vrille. Les joueurs qui aiment planifier devront accepter de réagir à chaud. Ceux qui aiment improviser y trouveront un terrain propice.
L’univers du jeu est clairement identifiable, visuellement fort, même s’il reste un peu abstrait en termes de narration. On sent que l’histoire est là pour poser une ambiance plus que pour servir de fil rouge. Cela ne gêne pas la partie, mais ceux qui cherchent un lien fort entre mécaniques et récit ne le trouveront pas forcément ici.
La dimension communautaire est une vraie particularité. Le fait de pouvoir rejoindre un Conseil de joueurs qui orientera les futures évolutions du jeu est une proposition rare. C’est encore flou, mais intriguant. Le jeu semble pensé comme une base, un socle, qui pourrait s’enrichir au fil du temps. À voir si les joueurs suivent, et si l’éditeur joue le jeu jusqu’au bout. Pour l’instant en tout cas, Etherstone est plus que convainquant et propose un bien travaillé dans sa structure et son équilibre
Les + du jeu
- Un draft initial bien pensé
- Des mécaniques accessibles mais tendues
- Le système des dés apporte du relief
- Une extension intégrée utile sans surcharge
- Un projet qui cherche à impliquer les joueurs
Les – du jeu
- Une thématique un peu distante et c’est dommage
- Un jeu qui demande de l’attention sur chaque mot
- Le pacte du Néant peut frustrer
- Pas pour ceux qui aiment construire progressivement
Les ressources à télécharger pour Etherstone
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